Histoires de Femmes Ingénieures : l’innovation pour leitmotiv

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L’agriculture se met au vert… grâce aux robots !

Janneke, Ingénieure Test et Automatisation ALTEN Nederland pour Lely

Janneke, Ingénieure Test et Automatisation ALTEN Nederland pour Lely

« La robotique, c’est le domaine d’activité le plus concret possible : c’est incroyable de voir une application que l’on a contribué à développer prendre vie à travers une machine et servir un intérêt commun ».

Quand le développement logiciel croise les activités de test, leur automatisation, la robotique et l’innovation, Janneke considère que tous les bons ingrédients sont réunis pour qu’un projet soit autant stimulant qu’utile. Cette passionnée d’ingénierie biomécanique revient sur son parcours et les raisons qui l’ont conduite à mettre son expertise technique au service de l’innovation durable.  

C’est à l’université technologique de Delft que Janneke a développé son intérêt pour l’ingénierie biomécanique, cette spécialité qui s’appuie sur l’analyse, la modélisation et la conception comparées des systèmes biologiques et techniques.

Elle y a appris la biorobotique, une science mettant au point des machines imitant les systèmes biologiques, et l’haptique, une discipline permettant notamment de créer, par l’intermédiaire d’un système robotique, une communication entre un humain et une partie de son environnement.

Au cours de ces différents apprentissages, Janneke s’est familiarisée avec des logiciels de simulation et plateformes de programmation. « Un aspect qui m’a beaucoup plu et qui m’a donné envie de parfaire mes connaissances en développement logiciel », se souvient-elle.

Après une masterclass dispensée par ALTEN, Janneke décroche plusieurs certifications de formation dans cette branche et intervient sur des premiers projets en tant qu’Ingénieure Test et Automatisation.

« Ce rôle au sein d’une équipe de développement permet d’aborder les aspects techniques du code et d’interagir avec les parties prenantes des projets, notamment au sujet des prérequis de conception. Une vision 360° sur le cycle de développement du logiciel, pour proposer un haut niveau de qualité de logiciel et le meilleur produit à nos clients », soutient Janneke.

Test et automatisation : la recette gagnante d’une agriculture durable et rentable

« Depuis plus de 6 mois, j’interviens en tant qu’Ingénieure Test et Automatisation auprès d’un client néerlandais, Lely, spécialisé dans les systèmes robotiques à destination des agriculteurs, et en particulier des producteurs laitiers. À ce titre, je les accompagne dans la mise en place des processus de test pour un projet très innovant : Lely Sphere ».

Ce système multi-robots réduit les émissions de nitrogène de plus de 70% en séparant les flux de minéraux du fumier et de l’urine en les traitant et en permettant aux agriculteurs de pouvoir les réutiliser comme engrais naturel circulaire pour leurs exploitations.

Comment les robots Lely fonctionnent-ils ?

Les émissions d’ammoniaque issues des effluents sont produites lorsque l’urine des animaux d’élevage entre en contact avec le lisier. Pour éviter cette pollution, il faut rapidement retirer les excréments des granges.

  • Un premier appareil de récupération des excréments et un plancher de séparation (qui laisse passer l’urine dans une fosse mais qui retient les excréments en surface), permettent alors la dissociation et le stockage de ces deux matières.
  • Un deuxième appareil, appelé « ventilateur N-Capture » vient ensuite créer une sous-pression dans la fosse à lisier, ce qui permet d’aspirer les gaz d’ammoniac qui se produisent en dessous et juste au-dessus du sol de l’étable. Un filtre transforme l’ammoniac en engrais azoté circulaire. Il est ainsi possible d’utiliser pour la fertilisation 70% des pertes d’azote dues aux émissions.

L’ensemble du système transforme le lisier en 3 types d’engrais écologiques réutilisables par les agriculteurs afin d’enrichir leurs cultures.

« Je travaille surtout sur le développement du N-Capture et des réactions chimiques qui s’y produisent pour aboutir à la production des engrais naturels.

Mon rôle est de contribuer à améliorer en continu la qualité du produit logiciel qui fait fonctionner le robot ventilateur : définition des exigences avec les parties prenantes, création et développement des processus automatisés de test (exécutés à travers des simulations ou des dispositifs réels), analyse qualité des résultats…

L’automatisation des tests permet de prendre plus de variables en compte, de réduire la durée des tests classiques et d’assurer une qualité de service », précise Janneke.

Et de poursuivre : « C’est un projet passionnant. Premièrement parce qu’il fait ressortir une volonté d’innovation, de la part des industriels et des agriculteurs, pour réduire les émissions d’ammoniaque sur les exploitations.

Deuxièmement, parce que c’est très satisfaisant de les y aider, de ne pas être simple spectatrice de ce problème et de contribuer à la préservation de notre environnement.

Enfin, ce projet offre une vision très concrète des technologies développées : nos travaux prennent vie à travers ces robots et on peut apprécier en direct, au plus proche du client, leurs actions positives ».

« Il est très important d’avoir une bonne connaissance des avantages et des inconvénients de chaque technologie, de manière à pouvoir proposer à chaque client une solution sur mesure et innovante.
Et ça, c’est un vrai challenge ! »

Janneke

Le challenge, ce « moteur d’innovation »

Quand on lui demande ce qu’elle recherche dans ses activités quotidiennes, professionnelles comme personnelles, Janneke rétorque : « le challenge, parce qu’il est un moteur qui pousse à innover et donc à proposer des améliorations ».

Ce goût pour le challenge, Janneke l’a développé en pratiquant l’aviron à haut niveau pendant plusieurs années. Une dizaine de fois par semaine, elle s’entraînait tout en poursuivant ses études et en s’efforçant de ne pas créer de décalage de rythme : « J’ai appris la discipline, l’adaptabilité et le dépassement de soi au service de l’épanouissement », soutient-elle.

Le challenge est devenu le fil rouge de la carrière professionnelle de Janneke, en témoignent ses projections à long terme : 

« J’aimerais me spécialiser sur l’aspect « architecture » des activités de test. Cela me permettrait de pouvoir accompagner des entreprises, pour analyser leur processus de test et d’automatisation, ainsi que les technologies mises en place pour les exécuter, et les aider à atteindre un meilleur niveau de qualité sur leurs activités de test logiciel. Trouver les technologies adéquates, attribuer les rôles de chacun, mettre en place des nouveaux processus de test optimisés, présenter un Proof of Concept (PoC) pour démontrer la faisabilité de nos propositions… autant d’étapes propres à un début de projet en test et automatisation, à la fois cruciales et très intéressantes ».

Pour les maîtriser, Janneke assure qu’il faut pouvoir justifier d’une certaine expérience dans différents contextes, présentant chacun une architecture spécifique en matière de test. « Il est très important d’avoir une bonne connaissance des avantages et des inconvénients de chaque technologie, de manière à pouvoir proposer à chaque client une solution sur mesure et innovante. Et ça c’est un vrai challenge ! », précise Janneke.

Preuve ultime que le challenge est un état d’esprit pour Janneke : elle consacre une demi-journée par semaine à l’apprentissage du travail du bois !

« J’avais besoin de trouver un équilibre entre mon temps de travail sur ordinateur, qui représente une grande partie de mes semaines, et un temps d’évasion, qui passe pour moi par une activité manuelle. Meubles, objets du quotidien ou décoratifs… Je m’essaie à cette discipline et je dois dire que c’est une autre forme de challenge ! C’est très technique, comme le développement logiciel, bien que dans un tout autre registre ! Quoi qu’il en soit, je ne cesse d’essayer de m’améliorer à chaque nouvel essai… c’est comme cela que l’on innove ! ».

Le conseil d’amie

de Janneke

« Isole chacun de tes problèmes pour les résoudre par étape !

On a souvent l’impression qu’un problème cache une montagne d’autres difficultés, mais quand on le décortique de manière très méthodique, on se rend compte qu’il n’est pas si compliqué à solutionner. Cela s’applique à des problématiques techniques comme à celles du quotidien.

Quand je code par exemple, j’isole toujours la partie du code sur laquelle je dois travailler, en la séparant de certaines surcouches techniques qui ne me sont pas utiles. C’est une manière de rendre mon code plus efficace et qualitatif. Dans la vie de tous les jours, cela peut revenir à subdiviser sa to-do list en projets, tâches, sous-tâches et à s’atteler à chacune d’elles progressivement ! ».

Question TAC au TAC

Innover ou inventer ?

« Innover ! Petite, je me rêvais inventrice, j’avais envie de donner vie aux choses que j’imaginais.

Mais en grandissant, je me suis rendu compte que je préférais trouver des solutions pour améliorer des concepts ou systèmes existants, d’autant plus s’ils peuvent nous être utiles chaque jour : c’est très challengeant de chercher à comprendre comment on peut mieux faire en permanence, et c’est quelque part une forme d’inventivité ! ».