Histoires de Femmes Ingénieures : l’innovation pour leitmotiv

Flèche gauche Revenir au sommaire

Intelligence Artificielle : la complémentarité Homme-Machine, puissant levier de performance

Michelle, Ingénieure-Consultante en Intelligence Artificielle ALTEN Switzerland

Michelle, Ingénieure-Consultante en Intelligence Artificielle ALTEN Switzerland

« Tout projet d’Intelligence Artificielle est innovant pour deux raisons : d’abord parce qu’il fait appel à une technologie récente et ensuite parce que cette dernière améliore notre façon de travailler, et plus généralement de vivre ».

De la découverte de l’ingénierie logicielle à celle du développement de solutions pour robots humanoïdes en passant par le prototypage d’un modèle d’amélioration du processus qualité d’une entreprise pharmaceutique, Michelle s’est prise de passion pour l’Intelligence Artificielle (IA), devenue aujourd’hui sa spécialité. 

Photo-Michelle-1

Originaire du Cameroun, Michelle y a suivi toutes ses études jusqu’à sa 2ème année de licence en mathématiques. Encouragée par sa famille, elle passe un concours pour intégrer la Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD) en Suisse, qu’elle réussit.

Après un long voyage, elle pose alors ses valises à Yverdon-les-Bains et réalise une première année dans une classe préparatoire : « Cette classe faisait partie d’un programme qui visait à encourager et préparer les jeunes femmes à se lancer dans des carrières d’ingénieures.

Avec mes camarades, nous avons pu constater la palette de métiers qui s’offraient à nous, convaincues que nous étions dans la bonne voie », se souvient Michelle. C’est en ingénierie logicielle que cette dernière s’est spécialisée : « Ma formation en mathématiques m’a permis de me sentir en phase avec ce domaine d’expertise », précise-t-elle.

« Le secret d’un algorithme d’IA réussi ? Comprendre l’humain. »

Michelle

C’est en tant qu’Ingénieure logiciel que Michelle a démarré sa carrière dans une entreprise commercialisant et développant des solutions logicielles pour robots humanoïdes. « Une expérience extrêmement formatrice : nouveaux langages informatiques, rencontres avec les clients, élaboration de projets novateurs… Mais c’est surtout la robotique humanoïde et ses applications qui m’ont passionnée ». Programmer des robots pour qu’ils agissent comme des humains – marcher, dialoguer, réagir – c’est à travers cela que se perçoit le mieux l’innovation.

« Nous devions développer de bout en bout des scénarios et les traduire en application logicielle pour donner vie aux robots dont nos clients avaient besoin », explique Michelle. Service en restauration, check-in des employés d’une banque, accueil à l’hôpital et mesure des constantes vitales, conduite d’une voiture automatique, animation pour enfants… tous les scénarios sont envisageables !

Pour qu’ils soient performants, ces scénarios doivent être construits avec un très haut niveau de cohérence quant au comportement humain, « et cela passe par une analyse très fine des réactions de l’homme dans chaque situation donnée », ajoute Michelle.

Et de rajouter : « Par exemple, dans le cas d’un robot qui jouait le rôle d’un serveur au restaurant, on pouvait être amené à se poser ce genre de questions, dont les réponses constituaient le fil conducteur du développement logiciel associé : quelles sont les formules de politesse à employer pour accueillir les clients, comment réagir face à leur mécontentement, comment transmettre des informations sur les plats choisis… ».

Deux autres dimensions rendent ces projets de développement de robots humanoïdes encore plus passionnants d’après Michelle :

  • D’abord, le fait de devoir prévoir des plans B dans le cas où le robot ne se comporterait pas comme prévu, comme par exemple intégrer un système de maintenance à distance.

  • Ensuite, la satisfaction des clients et utilisateurs : « Les voir s’émerveiller face à un robot qui leur sourit, leur parle, réagit à leurs demandes et expliquer comment on est parvenu à lui donner vie… C’est très gratifiant ! ».

Développer un algorithme intelligent de A à Z

Michelle a eu envie d’aller plus loin dans la compréhension du fonctionnement et de l’amélioration continue du système robotique, au-delà de la programmation de l’application logicielle. Elle a ainsi décidé de reprendre ses études en suivant un Master en IA, dont l’obtention était conditionnée par une mise en pratique, qu’elle a réalisée auprès d’un acteur majeur de la production biotech en Suisse Romande :

« J’étais comme une ambassadrice de l’IA. Je devais démontrer la plus-value de cette technologie, expliquer son fonctionnement et ses possibilités d’application dans le secteur pharmaceutique. J’étais également chargée de mettre en place une solution concrète d’IA qui répondait en tout point aux principes théoriques que j’avais énoncés ».

Une expérience qui a conforté Michelle dans son choix de se spécialiser en IA et qui a convaincu l’entreprise et ALTEN de lui proposer de poursuivre son projet à travers une mission de conseil.

« Le but de mon projet est de développer la solution d’IA mise au point durant mon Master pour l’intégrer dans le processus qualité des équipes de mon client. Les protocoles et normes à suivre sont très nombreux au sein de l’industrie pharmaceutique et actuellement gérés par l’intelligence humaine. On s’est donc demandé si l’IA pouvait renforcer ces processus en augmentant leur fiabilité, leur rapidité et en réduisant les coûts associés », précise Michelle.

Une innovation qui passe par toute une étape d’acculturation autour de l’IA, pour valoriser la plus-value apportée aux spécialistes qualité et préciser les impacts du changement induits par l’intégration de cette technologie.

« La première étape qu’il convient de mettre en place dans tout projet d’IA, c’est d’analyser l’exploitabilité des données disponibles en termes de quantité et de qualité. En effet, c’est à partir de ce constat que va être déterminée la nouvelle manière de travailler et sur laquelle va s’appuyer l’algorithme d’IA ». Un premier jalon complété par le développement du prototype de cet algorithme, pour vérifier qu’il reproduise bien le comportement des spécialises qualité et qu’il les aide ainsi à renforcer la fiabilité de leur processus habituel.

« Le secret d’un algorithme d’IA réussi ? Une bonne compréhension de la nature humaine », insiste Michelle.

Pour que l’outil développé ne soit pas un outil de remplacement de l’intelligence humaine mais bien un assistant de celle-ci, toute la subtilité de son projet repose sur la collaboration préalable avec les spécialistes métier : « Je me suis immergée dans leur quotidien pour comprendre comment les rendre plus performants dans leurs tâches par l’intermédiaire d’une machine d’IA sur mesure, qui renforce leurs prises de décisions. Une équation qui trouve sa solution dans la complémentarité homme-machine », assure-t-elle.  

« La technologie nous apporte beaucoup en contribuant à améliorer notre quotidien, à condition que l’on sache prendre le recul nécessaire pour la développer sans impact négatif sur les générations à venir. »

Michelle

L’IA : voir le monde à travers le spectre de l’innovation positive

Développer un projet d’IA, c’est proposer une nouvelle façon de faire ce que l’on faisait avant. C’est donc apporter une nouvelle perspective, notamment vis-à-vis des données habituellement traitées. Celles-ci peuvent être exploitées d’une manière plus qualitative pour garantir une meilleure performance des activités menées, à travers des algorithmes d’IA et d’autres technologies.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Michelle aime citer Rabelais pour insister sur une autre dimension très importante des projets d’IA : rassurer sur la dimension positive de cette technologie, qui est réelle à partir du moment où l’on en maîtrise les usages. « La technologie nous apporte beaucoup en contribuant à améliorer notre quotidien, à condition que l’on sache prendre le recul nécessaire pour la développer sans impact négatif sur les générations à venir ».

Aller à l’école à travers les yeux d’un robot

Au-delà du renforcement de son expertise technique, Michelle aspire à long terme à la mettre « au service de l’humain » : éducation, santé, environnement, espace… « Je veux pouvoir mesurer l’impact de mon travail sur le quotidien personnel et/ou professionnel de tout un chacun, être en contact avec les utilisateurs de ma solution ». Une volonté en lien avec les aspirations actuelles de la jeune génération selon Michelle : « Les jeunes ingénieurs ont besoin de retrouver, à travers leur métier, des valeurs qui leur sont chères et de les mettre au service d’une cause », soutient-elle.

Une analyse qui a trouvé tout son sens à travers le meilleur souvenir de Michelle en tant qu’ingénieure : « J’ai participé au déploiement d’une solution d’IA pour un robot de support à la personne, et plus particulièrement aux enfants.

Ce robot était un véritable assistant éducatif pour les enfants hospitalisés : depuis son lit d’hôpital, l’enfant en question pouvait communiquer à travers une tablette avec le robot qui le remplaçait en classe. Grâce à un système technologique de pointe, l’enfant pouvait voir la classe à travers les yeux du robot reliés à une caméra, suivre ses cours, interagir avec ses camarades et l’instituteur, recevoir et envoyer ses exercices… Un jour, j’ai dû me rendre sur le terrain pour procéder à l’installation de la solution. Voir le sourire de la petite fille malade que nous avons aidée et celui de ses parents a été ma plus belle satisfaction. C’est pour réaliser des projets forts en sens comme celui-ci que la technologie est essentielle », conclut-elle.

Le conseil d’amie

de Michelle

« Ne pas avoir peur des nouvelles technologies, et notamment de l’IA.

Pour y parvenir, il faut apprendre à comprendre l’IA comme on s’intéresserait à la composition et aux effets secondaires d’un médicament en lisant sa notice : qu’est-ce que l’IA, dans quels cas l’appliquer, avec quelles technologies peut-on la combiner…

Autant de questions qui ont des réponses et qui permettront de faire ressortir plus systématiquement la plus-value de cette innovation qui fait déjà partie de nos vies ! ».

Question TAC au TAC

Transformation digitale ou IA ?

« L’IA évidemment ! L’intelligence humaine qui migre dans les machines, c’est un process technologique passionnant, qui englobe des milliers d’applications impactant de près ou de loin notre quotidien ».